La prière selon saint Augustin
La prière selon saint Thomas d’Aquin
La prière selon l’esprit de sainte Thérèse de Lisieux par le
père Reveraud et synthèse faite par François Lugan
La prière d'après sainte Thérèse de Lisieux
La prière d'après le pape Jean-Paul II
La prière d'après le pape Benoît XVI
La prière d’après François Lugan
Dix chemins pour rentrer dans la prière
par Jacques Gauthier
Pour entrer dans la prière
On apprend à prier… en priant,
tout simplement. L’été semble un bon moment pour en faire l’expérience mais il
n’y a pas que l’été pour prier et entrer dans la prière. Ceci dit, l’été on a
plus de temps pour se mettre à prier. Voici dix sentiers à explorer pour se
mettre en présence de Dieu.
On apprend
à prier en priant. La prière existe dès que nous en avons le désir et que nous
commençons à prier. C'est une expérience de foi et d'amour qui se vit au plus
profond du cœur. Très discrète, elle frappe à la porte pour nous accompagner
partout. La seule chose à faire: lui ouvrir. C'est un don de Dieu qui
s'accueille dans la foi en s'y rendant disponible, là où l'on est.
Alors, comment prier ? En
priant, tout simplement. « Il est en moi, je suis en lui, je n'ai qu'à l'aimer,
qu'à me laisser aimer, et cela en tout temps, à travers toutes choses »,
écrivait Élisabeth de la Trinité. Tu pries comme tu es, comme tu vis, comme tu
crois, comme tu aimes et comme tu parles à un ami; ce sont les cinq premiers
sentiers de la prière. Les cinq suivants se présentent comme des supports à la
prière: tu pries avec ton désir, ton corps, la Bible, la liturgie, le silence.
Prie comme tu es
La
meilleure méthode pour prier est la tienne, encore faut- il la découvrir. La
meilleure technique, si technique il y a, est celle qui t'aide le mieux à
libérer la prière qui est en toi. Tu as une prière qui t'appartient et qui
s'accorde à ton tempérament, à ton état de vie. Tu n'as pas à copier la prière
des autres. Elle varie selon les jours: demande ou louange, supplication ou
action de grâces, vocale ou silencieuse. Qu'importe, tu pries à partir de ce que
tu es, avec l'âge que tu as, avec tes joies et tes tristesses, avec ton histoire
et ton expérience de vie. Tu pries à partir d'une image de Dieu qui est la
tienne et qui est appelée à changer, à mesure que tu grandis dans la foi.
Tu te
présentes devant Dieu en sachant qu'il t'aime tel que tu es. Sois toi-même !
N'est-ce pas le plus beau cadeau que tu puisses faire à Dieu ? En t'accueillant
et en t'aimant tel que tu es, c'est Dieu que tu accueilles et que tu aimes comme
un père plein de miséricorde.
Prie comme tu vis
La prière
ne marche pas à côté de la vie, elle est dans la vie. Et comme la vie n'est pas
parfaite, la prière ne l'est pas non plus. Si on attend les conditions idéales
pour prier, on ne priera jamais. La plus belle prière est celle que tu vis
aujourd'hui, dans les situations les plus diverses, parfois angoissantes: rater
un examen, manquer une sortie sur l'autoroute, égarer les clés, vivre un grand
stress, traverser une épreuve, accompagner un enfant malade, et que sais-je
encore.
La prière
s'adapte aux circonstances de ta vie: que l'on soit sur un banc d'école ou au
travail, à la maison ou sur un lit d'hôpital, sur la route ou en train, couché
ou en plein air, joyeux ou triste, insomniaque ou travailleur de nuit. Elle est
là dès que l'on prie. Invisible aux autres, visible en soi, elle prend ce qui
fait ta vie et l'exprime au Seigneur sous forme de demandes et de louanges.
Prie comme tu crois
Dis-moi
comment tu pries et je te dirai quelle est ta foi! Tu pries de la manière dont
tu crois. La prière commence par un acte de foi. Elle est comme une flèche que
tu lances vers le ciel; plus ta foi est vivante, plus elle vole haut. Mais
chacun ne croit pas en Dieu de la même façon, ni ne le prie de la même manière.
Si Dieu est au cœur de ta vie, ta prière le sera aussi.
L'idée que l'on se fait de la
prière est donc subordonnée à l'image que l'on a de Dieu. S'il est un être
lointain et menaçant, la prière sera froide et craintive. D'ailleurs, on ne
prie pas longtemps un Dieu qui semble indifférent à ce que l'on vit. Cette image
d'un Dieu impassible est aux antipodes des grands textes bibliques de l'Ancien
et du Nouveau Testament, où Dieu est présenté comme un amoureux qui épouse sa
créature. «Tu seras ma fiancée, et je t'apporterai la justice et le droit,
l'amour et la tendresse j tu seras ma fiancée, et je t'apporterai la fidélité,
et tu connaîtras le Seigneur.» (Osée 2,21-22.)
Prie comme tu aimes
Le sujet
de la prière, c'est toi, mais son objet est Dieu qui t'a aimé le premier. Tu
pries parce que tu es aimé de Dieu et tu lui réponds par l'amour. La prière est
un dialogue secret et plein d'amour qui n'appartient qu'à toi et à Dieu. Il
t'offre sa présence sans que rien n'y interfère, même pas tes faiblesses; elles
sont une occasion d'expérimenter sa miséricorde infinie.
Tu ne prieras pas toujours de
la même manière, mais tu vas toujours prier comme tu aimes. Prier, c'est être en
présence de Dieu en pensant à lui avec amour. Le bienheureux Charles de Foucauld
disait souvent que plus tu aimes, mieux tu pries.
À un moment donné, on ressent
dans la prière une certaine absence de l'amour de Dieu, mais cela ne signifie
pas que Dieu est absent. Il nous conduit sur les chemins de la sécheresse pour
nous faire croître d'une manière plus sûre dans l'amour désintéressé. Thérèse de
Lisieux en est un exemple éloquent. Alors qu'elle est alitée à l'infirmerie du
carmel, elle ne peut pas dormir, donc elle prie. Sœur Geneviève lui demande ce
qu'elle dit à Jésus. Elle lui répond: «Je ne lui dis rien, je l'aime».
Prie comme tu parles à un ami
Prier,
c'est s'entretenir avec Dieu, le Christ, en toute amitié. Rien ne t'empêche, en
ce moment-ci par exemple, de fermer les yeux et de dire avec tes mots que tu
crois en Dieu: « Seigneur, je crois en toi, apprends-moi à prier et à aimer. Tu
me connais et tu m'aimes tel que je suis. Je t'offre ce que je suis et ceux qui
me sont chers. Envoie ton Esprit, qu'il donne vie à ma vie. Je te loue pour ce
que tu es et pour ce que je suis. Merci pour ton amour infini ».
Tu vois, c'est simple.
Tiens-toi en sa présence comme un ami avec son ami. Il suffit de lui parler
simplement et de l'écouter. Raconte-lui ce que tu vis ou regarde-le en silence
dans la foi. La prière, n'est-ce pas écouter Dieu qui parle par nos mots et nos
silences autant que par sa parole et son silence ? En nous sachant écoutés de
Dieu, nous retrouvons le fil conducteur qui relie notre vie à la sienne.
Prie avec ton désir
Ton désir,
c'est ta prière, disait saint Augustin.
Tu pries
en présentant à Dieu non seulement ce que tu es, mais ce que tu désires être. Tu
t'ouvres au désir de Dieu en étant présent à sa présence avec tout ton désir. La
prière que tu récites, tu ne la dis pas seulement du bout des lèvres. Que tu
répètes intérieurement une prière que tu as apprise ou que tu pries
spontanément, ce que Dieu regarde, c'est le désir et l'amour que tu mets dans ta
prière.
Tu mne dis que tu arrives
difficilement à te recueillir, que tu as l'impression d'être dans le vide, que
ton esprit part dans toutes les directions. Tu peux t'aider d'une image ou
icône, d'un verset biblique, d'une musique, du nom de Jésus que tu répètes
intérieurement, et tu peux prier à partir de tes distractions, au lieu de
vouloir les chasser sans cesse.
A toi de
voir ce qui t'aide dans la prière et quel est ton désir. Tu veux peut-être trop
en faire, ou bien tu vois Dieu comme quelqu'un de compliqué qu'il faut
impressionner, satisfaire, amadouer. La prière est comme Dieu, tellement simple:
c'est un regard d'amour, un désir d'être avec lui, un silence paisible, un doux
soupir. Elle est fondamentalement repos, grâce, don.
Prie avec ton corps
Ton corps
peut être un allié qui exprime et soutient ta prière. Nourris-le bien et
donne-lui le repos dont il a besoin. Un moine m'a déjà dit que prier, c'est
savoir s'asseoir. Il n'avait pas tort. En étant bien assis et immobile, la
colonne vertébrale droite, on prie mieux. Une bonne posture assise aide l'esprit
à se recueillir et à être attentif à la présence de Dieu.
Si, dans
les grandes traditions, la position assise exprime surtout l'attente, l'écoute
et la méditation, la position à genoux exprime la supplication, le repentir,
l'adoration. Il y a aussi la position des mains, jointes ou levées, et aussi la
posture debout. Pour le chrétien, la station debout signifie qu'il est déjà
ressuscité dans le Christ.
À chacun
de trouver la posture qui lui convient dans la prière. Et si tu t'endors en
priant, ne te scandalise pas: « Dieu comble son bien-aimé quand il dort »
(Psaume 126,2).
Prie avec la Bible
Le
chrétien ne prie jamais dans le vide, il répond à la parole de Dieu qu'il lit et
entend et médite et contemple, individuellement ou en groupe. La tradition
chrétienne parle de quatre exercices de l'être spirituel qui sont comme quatre
degrés de la prière : lecture spirituelle, méditation, prière, contemplation. On
cherche en lisant et
on trouve en méditant; on frappe en priant et p on entre en contemplant.
La méthode est simple. Tu te
recueilles q quelques minutes, puis tu lis un verset ou une scène de
l'Évangile. Tu lis lentement dans ton la cœur comme si tu « mâchais» le texte.
Tu médites et goûtes ce que tu lis. Ce n'est plus ton activité, mais celle de
Dieu. Il peut se manifester par un silence pacifiant qui envahit tout. Cela
arrive assez rarement, j'en conviens, notre prière étant plus souvent au ras des
pâquerettes. Mais la prière contemplative, qui est une attention amoureuse à
Dieu, n'est pas pour autant l'apanage des moines et des moniales. Dieu est libre
de ses dons.
Prie avec la liturgie
Un ami me
disait l'autre jour: «Moi,je prie chez moi, je n'ai pas besoin d'aller à
l'église. » Il est vrai que l'on n'est pas obligé d'être dans une église pour
prier, puisque le cœur est le sanctuaire de la prière. Le starets Silouane
(saint moine orthodoxe du Mont Athos) écrivait que pour celui qui prie, le monde
entier devient église. Mais le Seigneur nous donne aussi de le rencontrer dans
la célébration liturgique.
La
liturgie et la prière personnelle ne sont pas opposées, mais s'interpénètrent
comme le levain dans la pâte. La liturgie et les sacrements ont toujours été
considérés comme des lieux privilégiés de la rencontre du Christ ressuscité.
Pourquoi n'irais-tu pas puiser à cette source qui ouvre ta prière aux autres en
lui donnant des mots qui la nourrissent de l'intérieur? On passe du « je» de sa
prière au « nous » de l'Église : « Prions le Seigneur ».
La
liturgie est un faire qui aide à être prière
Par ses
rites, paroles, gestes, chants, musiques, la liturgie enseigne à prier tout en
proposant une expérience: la rencontre du Ressuscité qui conduit au Père en
donnant l'Esprit.
Diverses formes de prière
communautaire peuvent irriguer la prière personnelle: célébration de la Parole,
prière charismatique, pèlerinage, bénédictions quotidiennes, rosaire, liturgie
des Heures, qu'on appelle aussi Office divin, et que l'on retrouve dans le livre
Prière du temps présent.
Prie avec le silence
C'est
parce que Dieu est Parole que l'on fait silence. Le silence dont il est question
ici est d'abord intérieur avant d'être extérieur. Il n'est donc pas tant
l'absence de paroles qu'une présence amoureuse au mystère, une communion à ce
qu'il y a de plus sacré, de plus profond en nous.
On peut
très bien goûter ce silence en plein métro à l'heure de pointe, ou être envahi
par les bruits intérieurs dans un monastère éloigné du monde. La bienheureuse
Marie de l'Incarnation, une mystique canadienne, disait que «le silence est un
parler sacré dans lequel on goûte l'amour. »
Le silence
est à la prière ce que l'eau est au poisson: un espace vital. Il éveille le cœur
et met en présence du mystère de Dieu. Un silence tout d'attente, simple
attention à la Présence, éveil à Dieu. Tu peux le désirer, l'accueillir, le
cultiver. Ce silence habité se vit surtout dans l'oraison intérieure, appelée
aussi prière contemplative. Le but recherché est toujours le même: l'union avec
Dieu présent au centre de l'âme.
La prière du
signe de la croix
Comment prier ? en pensant avec
amour à ce que tu fais. Un exemple : le signe de la Croix ?. Certains le font
comme s’ils chassaient les mouches. Mais tu peux le faire aussi en portant
attention au geste et aux paroles. Tu signifies par ce rite très simple que le
Dieu trois fois saint est inscrit dans ta chair.
Ta main droite se porte à ton
front et tu dis « au nom du Père » ; l’amour créateur ouvre ton intelligence aux
réalités spirituelles. Ta main descend au ventre, tu dis « et du Fils » ;
l’amour sauveur descend sur la Terre pour te rendre plus humain. Ta main va de
l’épaule gauche à l’épaule droite, tu dis « et du Saint-Esprit » ; l’amour
sanctificateur te fait communier à ce que les autres vivent.
Ce geste de la croix n’est pas
un geste banal : il unit la Terre et le Ciel, rassemble l’humain et le divin à
ce point central du cœur d’où jaillit la prière. Des chrétiens sont morts
martyrs pour l’avoir fait dans des pays qui ne tolèrent pas la foi chrétienne.
En mettant tout ton désir dans
cet exemple du signe de la croix, tu dis avec fierté : « au nom du Père qui me
crée par amour, au nom du Fils qui me porte avec amour et au nom de l’Esprit qui
m’enfante à l’amour ».
Auteur :
Jacques Gauthier et paru dans la revue Famille Chrétienne numéro 1696 du 17 au
23 juillet 2010
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